[Poésie] Seigneurs et nouvelles créatures

Lords and the new creatures
Jim Morrison

édition bilingue, 1992
Traduit par Yves Buin et Richelle Dassin
263 pages

Jim Morrison qui ne concevait pas d’être Pop Star
à trente ans, se voulait avant tout un écrivain.
Paradoxalement, c’est en « poète maudit »
qu’il édita, à compte d’auteur,
la première édition de son recueil de poèmes :
The Lords and the New Creatures.
Dans ces textes, traduits ici,
c’est l’envers du décor Doors-Morrison
et sans doute la face cachée des mythiques
années soixante qui apparaît :
l’aveu lucide de l’inhumanité de l’Amérique,
de la solitude et du cauchemar.
Le tout, vécu et restitué,
au travers d’un sens privilégié des images
et de la simplicité naïve des mots,
dû à la formation cinématographique
de Jim Morrison avec sans doute
le rêve d’un grand film métaphorique
et impitoyable sur le réel américain.

Nous avons été métamorphosés d’un corps fou dansant sur les collines en une paire d’yeux fixant le noir. (« Seigneurs et nouvelles créatures »)

We have been metamorphosised from a mad body dancing on hillsides to a pair of eyes staring in the dark. (« Lords and the new creatures »)

Nous ne présentons plus Jim Morrison.
Artiste hors des choses, il livre dans ce recueil ses pensées, ses idées, les fulgurances qui se font en lui. Qu’il s’agisse d’une simple phrase sur une page blanche, d’un poème à l’allure de chanson ou en plusieurs parties, ou encore d’un méli-mélo de mots jetés sur le papier, Jim Morrison propose une fusion des sens et ces instants fugitifs qui bouillonnaient en lui.

Que les mots sortent comme un crachat empli d’amertume ou dans des envolées oniriques, ce recueil représente l’ouverture à des bribes de l’âme de son auteur et le déploiement d’une conscience torturée.

Désespoir, fatalité et une certaine noirceur mélancolique teintent ces pages faisant de cette lecture, proposée dans une édition bilingue (la traduction française étant faite mot à mot), une expérience atypique autant que vibrante. Nul besoin d’analyser cet ouvrage, il est fait pour être ressenti.

Urgence d’en terminer avec le « Dehors », en l’absorbant, l’intériorisant. Je ne sortirai pas, tu dois entrer jusqu’à moi. Jusqu’à mon jardin-matrice d’où je regarde. D’où je peux construire, à l’intérieur du crâne, un univers rival du réel. (« Seigneurs et nouvelles créatures »)

Urge to come to terms with the « Outside », by absorbing, interiorizing it. I won’t come out, you must come in to me. Into my womb-garden where I peer out. Where I construct a universe within the skull, to rival the real. (« Lords and the new creatures »)

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6 réponses à « [Poésie] Seigneurs et nouvelles créatures »

  1. Pour ce genre d’ouvrage, j’apprécie les éditions bilingues. Merci pour la découverte.

    Aimé par 1 personne

    1. Il est agréable de lire la version originale quand on en a la possibilité.

      Aimé par 2 personnes

  2. Je connais trop peu Jim Morrison mais ça donne envie de le découvrir !

    Aimé par 1 personne

    1. Cet ouvrage est un bon moyen pour essayer de percer l’être qu’il fut. Je pense que tu pourrais être sensible à son style, n’hésite pas 😉

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  3. Il y a plusieurs de ses « fulgurances » qui me touchent beaucoup.

    Aimé par 1 personne

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