[Roman] Un don

A mercy
Toni Morrison

Traduit de l’anglais (États-Unis) par : Anne Wicke
196 pages

Dans l’Amérique du XVIIe siècle, celle des vastes étendues et des territoires vierges, Blancs, Noirs, Indiens subissent encore la même oppression. Jacob, un négociant anglo-néerlandais vit avec sa femme Rebekka en Virginie. Lorsqu’il se rend chez un planteur de tabac qui lui doit une forte somme, ce dernier ne pouvant le payer, lui propose une esclave. En dépit du mépris qu’il a pour ce système, Jacob accepte de prendre avec lui Florens, une enfant noire de huit ans. Elle formera avec Lina, seule survivante de sa tribu indienne et Sorrow, une adolescente blanche, un surprenant trio de domestiques. Roman polyphonique, Un don traverse l’Amérique des origines, transcende les genres, bouleverse.

Ce livre a beau être court, son contenu est conséquent.

On se lance d’abord avec curiosité puis on sent poindre une forme d’ennui, voire d’incompréhension qui tend presque vers le désintérêt. Mais soudainement la plume de l’autrice intrigue, captive, et on ne peut détacher son regard des mots déployés par la romancière qui est plus que cela : poétesse et conteuse, habitée et habitant.

Avec Un don, Toni Morrison couche sur le papier la beauté du drame à travers les pensées brutes de personnages habités par différentes formes de dévotion. Dévotion que l’on pourrait aussi nommer servitude… ou amour. Le joug sous lequel est placé l’être humain (que ce soit volontairement ou contre son gré) revêt bien des formes, le résultat reste pourtant le même. C’est pour tenter de décrire cette force fondamentale, irrationnelle, indomptable que Toni Morrison vient percuter le lecteur par la terrible expérimentation de ses héroïnes et la douloureuse beauté de ses mots, sublimant leur sens. Ce récit, où toutes formes d’amours se rassemblent, fait mal et nous laisse tout autant admiratif. Comprendre le titre à la toute fin est la déchirure supplémentaire venant curieusement mettre du baume sur sa propre cicatrice.
Quelle plume !

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4 réponses à « [Roman] Un don »

  1. Je t’avoue que je me serais pas tournée vers ce livre sans ton ressenti. Quant à cette question des servitudes volontaires ou non, elle m’intrigue…

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    1. C’est un sujet complexe, et la plume de Toni Morrison met ça en valeur d’une manière étonnante.

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  2. Ah, ça donne envie de découvrir le livre et l’auteur tant de mystére !

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    1. Difficile de trop en dire sur la plume si particulière de la romancière, il faut la découvrir !

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