[Roman] La Duchesse de Buckingham

Shannen Malka
Éditions Hurlevent
467 pages

Angleterre, 1841. Elena Quincy, fille du comte de Winchester, mène une existence paisible au cœur de la campagne anglaise, dans un écrin de verdure qu’elle se plaît à parcourir à cheval, au détriment de ses leçons d’étiquettes dont elle se passerait volontiers. Mais le calme de son quotidien est brisé lorsqu’elle assiste dans la ville de Southampton à une scène d’une rare violence entre un maître d’œuvre et son employé, un enfant d’à peine dix ans.

Cet évènement bouleverse Elena qui ne parviendra pas à retrouver la sérénité avant d’en avoir apporté un peu à ces enfants. Une décision qui la mène, bien malgré elle, dans l’entourage de la reine Victoria.

À Buckingham Palace, Elena découvre un milieu qu’elle ne connaît pas et est emportée dans le tourbillon de complots et de mondanités qu’est la cour. Et alors qu’elle se fait quelques alliés et que la passion amoureuse s’invite, des figures menaçantes commencent à se dessiner, avides de la plonger dans le déshonneur, tandis qu’au-delà des grilles majestueuses du palais, le peuple gronde.

Deuxième publication des Éditions Hurlevent, La Duchesse de Buckingham de Shannen Malka met en avant un sujet poignant par l’entremise d’une héroïne sur le point d’affronter de terribles épreuves.

Jeune femme surprotégée, Elena Quincy quitte rarement le domaine familial et n’a qu’une idée limitée de ce à quoi ressemble le monde extérieur. Jusqu’au jour où son père accepte qu’elle se rende à Southampton. Sur place, elle assiste avec effroi à la maltraitance d’un enfant et découvre ensuite la réalité du travail infantile. Révoltée, elle écrit un article de journal véhément qui parvient jusqu’aux oreilles de la reine Victoria. Quand cette dernière émet le désir de l’avoir à ses côtés à Buckingham et qu’on vient l’arracher à sa famille afin qu’elle devienne dame de compagnie de sa majesté, c’est tout un monde d’étiquette et de manigances que s’apprête à découvrir la fougueuse Elena.

L’ère victorienne nous ouvre ses portes et l’autrice a un talent descriptif indiscutable : les rues crasseuses des bas-fonds londoniens comme l’architecture des palais que nous visitons prennent vie sous nos yeux. Au fil des pages, nous sommes entrainés dans une valse cadencée par les retournements de situations. Avec un rythme crescendo, nous plongeons donc dans cette histoire pleine de péripéties laissant peu de place aux personnages comme aux lectrices et aux lecteurs de souffler. Ainsi manœuvres politiques, révolte populaire, développement de l’héroïne viennent sublimer le bouleversant sujet de l’exploitation infantile, présenté avec tant d’humanité.

Les coulisses de la vie d’une dame de compagnie royale sont fascinantes et les sentiments qu’éprouvent Elena sont portés avec passion : se font alors sentir la naïveté qui force à faire confiance, l’amour qui pousse à la déraison, la frustration face à une vie codifiée. Mais c’est en mettant en avant des femmes à la forte personnalité que Shannen Malka parvient à renverser ces codes. Elena a su me surprendre, sa fougue la rend imprévisible et j’ai aimé apprendre à la connaître jusqu’à la dernière page, à tel point que j’aurais même savouré encore plus de détails au fil du texte.

Porté par les extrêmes, entre rudesse et douceur, fatalité et romantisme, ce roman nous emmène dans une aventure virevoltante.

« Le courage est souvent synonyme d’inconscience. » (La Duchesse de Buckingham)

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