[Roman] Ballade pour une baleine

Song for a whale
Lynne Kelly
Éditions de Noyelles
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Laureline Chaplain
316 pages

Iris vit dans une bulle de silence. Même si elle parvient à sentir les ondes des postes de radio. Même si Nina, une camarade de classe, s’obstine lourdement à lui parler dans une langue des signes qu’elle ne maîtrise pas.
Iris est sourde de naissance.

Du jour où elle découvre l’existence de Blue 55, une baleine qui ne chante pas sur la même fréquence que ses congénères, Iris n’a qu’une idée en tête : communiquer avec elle. Tout s’accélère quand la collégienne fugue jusqu’en Alaska pour la rencontrer.
Une aventure faite de découvertes et de générosité.
Une renaissance.

Parfois, son âme ressemblait tellement à un jour pluvieux de novembre qu’elle devait rejoindre la mer. […] Son novembre s’éternise depuis trois mois déjà, j’ai peur qu’elle reste perdue et grelottante, sans jamais en voir la fin. (« Ballade pour une baleine »)


Parce que la baleine est un animal qui me fascine, on m’a offert ce roman. N’en ayant jusque là jamais entendu parler, je ne l’aurais sans doute jamais connu sans cela. Et alors quel dommage ça aurait été !

Cette histoire nous présente Iris, une adolescente solitaire, un peu perdue, un peu en colère surtout. Atteinte de surdité depuis la naissance, elle se sent incomprise. Par les élèves et professeur.e.s de son collège où elle rencontre des difficultés de socialisation. Par ses parents qui s’obstinent à vouloir qu’elle s’adapte aux autres. Par sa grand-mère qui l’ignore depuis le décès de son grand-père. Alors Iris se plonge dans son activité favorite : la réparation de vieilles radios. Un jour, une professeure lui apprend l’existence d’une baleine solitaire qui ne chante pas sur la même tonalité que les autres, alors Iris n’a plus qu’un objectif : rencontrer l’animal pour lui faire comprendre, d’une manière ou d’une autre, qu’il n’est pas seul.

Relations familiales, amitié, difficulté de s’épanouir dans un monde qui s’adapte si peu aux personnes différentes, les sujets abordés dans ce roman sont aussi pertinents qu’ils savent mettre en valeur celui de l’adolescence et de la surdité. Lynne Kelly parvient parfaitement à retranscrire ce mélange de naïveté et d’être qui se cherche avec son héroïne particulièrement touchante. La poésie des pensées d’Iris, sa fougue, sa frustration nous permettent de mieux comprendre la surdité et sa perception dans le monde. Il faut dire que c’est un sujet que maîtrise l’autrice, elle qui a été interprète en langue des signes durant 25 ans. Ses connaissances lui permettent donc de présenter cette adolescente qui, si elle regrette de ne pas être comprise par les autres – à tel point qu’elle fasse le parallèle entre la solitude d’une baleine et sa propre expérience – reste parfaitement à l’aise avec sa surdité. Il en aurait été autrement que la magie de ce roman n’aurait pas opérée. Le contre-pied prit en faisant de l’adolescente sourde une experte de la réparation de radios est l’idée géniale qui vient parfaire le tout. Et on notera l’originalité qu’à eue l’autrice de partager également les pensées de la baleine.

Lynne Kelly écrit avec une passion qui entraîne la lectrice ou le lecteur à vouloir partager les mêmes centres d’intérêts de ses personnages. On s’intéresse, on s’implique. Ode à l’acceptation, ce roman relatant un voyage rocambolesque dont l’issue est plus qu’incertaine saura, par sa justesse, toucher un lectorat diversifié.

(couverture originale)

Petit bonus :

Si Blue 55 n’existe pas réellement, son histoire s’inspire de celle, véridique, d’un authentique cétacé : la baleine 52 Hertz. Surnommée « la baleine la plus seule au monde »,
elle reste un cas mystérieux pour les scientifiques qui tentent de comprendre pourquoi cette baleine chante à une tonalité de 52 Hertz quand une baleine normale utilise des variations autour de 12 à 25 Hertz. Malformation ? Être hybride ? Les conjectures sont nombreuses puisque, s’il a été entendu, l’animal n’a jamais été aperçu. Vouée à la solitude parce qu’incomprise des autres membres de son espèce, 52 Hertz recueille sans nul doute la compassion.

5 réponses à « [Roman] Ballade pour une baleine »

  1. Je note ! Un livre trés tentant. Et cette baleine à 52 hertz… je me renseigne là dessus, ça m’intéresse !

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    1. Intrigant, n’est-ce pas ? Un film est sorti dans les salles américaines suite à une campagne de financement participatif, ça doit être intéressant à voir.

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  2. Ce roman a l’air poignant et touchant ! D’autant plus que l’auteure semble plus que connaitre le sujet de la surdité du coup, ce qui doit donner un caractère très réaliste au personnage de Iris. Merci pour cette belle découverte. 😊

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    1. Il l’est ! Je te souhaite d’avoir l’occasion de le découvrir.

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